Onvient d’enlever ma mère et ce serait, paraît-il / De belles octogénaires condamnant les missiles / S’adonnant au plaisir, au plaisir de la chair / Toutes nues au milieu, au grand milieu des foules Paradis des billes. Pierre Lapointe (Pierre Lapointe) Ceux qui n’iront pas à la mort / Ceux qui s’endorment dans les ports / Qualité d’étranges éternels / Un jour, ils
Je crois que ça demande d'être total abandonné, donc confié totalement à "l''autre", ne pas craindre d'être vu, de se montrer, pour ne pas fuire le regard de l'autre.. car c'est en lui aussi qu'on y voit soi. alors aurions-nous la peur de nous-même, au fond !? la peur de ne ce que nous pouvons y rencontrer ? Il me semble pour ma part que c'est cet abandon qui fait peur.. peur de se perdre, mais qui ne reste qu'une sensation de l'égo, on est d'accord.. accroché à ce qu'il CONNAIT. Or, c'est précisemment l'égo qui est amené à se fondre dans une vraie rencontre d'amour. L'amour est Feu, et l'égo a peur du feu. si l'Acte, a un sens, c'est sans doute bien pour ça.Ildésigne d’un geste large la foule qui se presse autour de lui, à la lumière rouge des torches et à celle argentée de la lune presque pleine, et dit : « Voici ma mère et voici mesalpha L artiste Lynda Lemay titre Epoustouflante J’suis arrivée une bonne demi-heuresplus tôt que l’heure d’mon rendez-vousle temps d’être sûre de la couleurpour ne pas regretter après couple temps d’fouiller dans les revuespour découvrir Claudia Schifferles bras en l’air à moitiè nuebien entendu belle comme un cœurc’est alors que j’ai eu un flashj’ai dit "c’est comme elle que je les veux"mon vieux faut pas que tu me les gâchesce soir je vois mon amoureuxj’ai insisté sur la longueury a dit "du calme chère clientesoyez tranquille, ayez pas peurje vais vous rendre époustouflante"il a dit je connais mon artlaissez-moi faire, vous allez voirje vais vous faire un look d’enferon va vous prendre pour une staril semblait tellement convaincuque je lui ai dit "je te fais confiance"j’ai pris place avec ma revueen essayant d’garder l’silencemorte de trouille avec ma capeet ma serviette autour du couj’ai subi la fameuse étapedu casque de bain avec des trousmessieurs vous avez pas idéevous qui passer chez le barbiervous faire donner un coup d’ciseauxavant d’retourner au bureaude ce qui faut que l’on endureet de combien on s’humilielorsque l’on risque notre chevelurecomme s’il s’agissait de notre vieaux mains de c’que l’on appelle une "tante"qui jure que l’ovale de notre visageexige telle ou telle permanenteet puis tel ou tel balayageoui vous qui n’êtes que témoinde notre retour hystériquela tête comme une botte de foinet l’porte-feuille anorexiquevous qui avez la lourde tâchede réprimer votre fou rirependant qu’on s’cachedans la salle de bain et qu’on refuse de sortirj’en était donc au casque affreuxqui me retombait sur les yeuxquelle fa^cheuse positionpour apercevoir dans le salonma grande voisine de six pieds unavec sa jupe et son parfumqui s’en vient s’écrier "salutLynda j’tai presque pas r’connue"puis j’ai eu droit au bigoudis"c’est juste pour donner plus de corps"que la fofolle m’avait promisavant que je passe au séchoiril avait simplement omisd’me dire que j’aurais l’air d’avoird’la parenté en haitic’était crépu quelque chose de rareenfin comble de désespoirles mèches blondes sont sorties roussesle tour d’oreille fait au rasoirfallait que j’attende que ça repoussece qu’y a pire dans mon histoirec’est qu’après mon passage à la caissej’ai dit "merci beaucoup, bonsoir"comme la reine des épaissesje suis revenue en beau mauditepoustouflante qu’il m’avait ditben pour epoustoufler ça ouij’époustouflait en jésus Christje me suis étudiée dans le miroiren petite culottes en levant les brasj’ai jamais réussi à voirla ressemblance avec Claudiaj’ai annulé mon rendez-vousde peur qu’le gars soit asthmatiquey aurait pu crever sur le coupa peine passé le portiquej’ai juré que plus jamais de ma viej’aurais recours à un expertau diable l’art, vive les tonyles beaux permanents de ma mère AL'amour je trouve ça toujours, C D Dans les yeux de ma mère G Bm Dans les yeux de ma mère, Em G Il y a toujours une lumière. Dans les yeux de ma mèreJ'ai vu comme c'est beauJ'ai vu comme c'est durJ'ai vu comme la vie Dans les yeux de ma mèreÀ dresser des flambeauxRaviver des blessuresDoucement dans la nuitDans les yeux de ma mèreJ'ai vu des arcs-en-cielJ'ai même vu mon pèreJ'ai même vu mon père[Refrain]Dans les yeux de ma mèreJe suis à la rechercheDe la belle inconnueQue je connais si bienDans les yeux de ma mèreJ'ai vu mille bataillesJ'ai vu mille prièresJ'ai vu comme l'aventureDans les yeux de ma mèreA briser des muraillesDépasser des frontièresJ'ai vu l'amour purDans les yeux de ma mèreJe devine son rireIl résonne dans l'airIl résonne dans l'air[Refrain]Dans les yeux de ma mèreToujours à la rechercheDe la belle inconnueQue je connais si bienDans les yeux de ma mèreJ'aimerais me noyerJ'aimerais me loverEt j'aimerais me perdreDans les yeux de ma mèrePour trouver son secretDéceler son coeurEt son âme superbeDans les yeux de ma mèrePlanter à chaque secondeJ'entrevois l'universJ'entrevois l'univers[Refrain]Dans les yeux de ma mèreToujours à la rechercheDe la belle inconnueQue je connais si bienDans les yeux de ma mèreJ'ai vu comme c'est beauJ'ai vu comme c'est durJ'ai vu la vie entière
Ennous laissant au cœur un infini fardeau Elle souriait de loin, du cœur de la lumière Son âme était si claire aux franges de la nuit On voyait du bonheur jusque dans sa misère Tout l'amour
Nach Durée 0231 Compositeur Anna ChedidToutétait petit dans un grand espace, tout était fragile dans un monde qui changeait mais tout était encore authentique. Aujourd’hui cette grand-mère gitane de 80 ans me parle de ma mère juste avec les yeux et la main sur le cœur. La parole se partage, se donne et se répand, même quand la voix est absente. Parfois un seul regard Fragiliser la vie pour la garder» un hymne à la mère d' Hélène noté en bas de la page 36 Dieu n'a pas d'yeux. Il n'y a pas Dieu.» Avant, il y avait toujours Dieu chez Cixous, au téléphone, caché dans son buisson ardent. Mais, désormais, il lui faut s'habituer à l'absence d'abonné au numéro demandé, celui de Jacques Derrida, l'ami à jamais. Il faut le temps, comme dit Hölderlin, que le manque du Dieu lui vienne en aide. Mais s'il n'y a pas Dieu, il y a toujours le secret, l'écriture du secret, qui fait qu'on voudrait donner Cixous à manger au lecteur, le faire communier même si le mot messe, ça n'est pas kasher». Prenez, ceci est la peau du monde. Un peau ouverte, accueillante à la mort donc vivante, absolument vivante. Celle de sa mère, Eve Cixous, à qui la narratrice s'adresse dès la première page C'était avant la fin du temps, pensais-je, le temps d'avant la fin. Je n'avais encore jamais vu une si fine splendeur. Soudain j'étais avertie que j'approchais le point, je vis que je voyais luire la vie. Il y en avait partout. Elle jetait ses derniers feux, surtout dans les feuillages et dans l'air. Et aussi dans les larges yeux de ma mère que l'âge lui met de plus en plus en avant. Tu es le temps lui dis-je. Lui me travaillait toute.» Les motifs de cette exposition au sens musical vont se développer au long du livre, l'engendrer. Les yeux que le temps fait à la mère sont les cloques d'une maladie qui lui ronge la peau, la couvre d'ulcères ces yeux crevés» regardent la narratrice qui, chaque jour, oint sa mère de pommade On ne peut pas ne pas utiliser la cortisone, on doit fragiliser maman pour la garder en vie la fragiliser, fragiliser la vie pour la garder.» Nous voilà rendus à la si fine splendeur» de la peau amenuisée, presque parchemin où s'écrit le monde, presque le voile de la vérité. Hyperrêve se constitue comme tentative non pas sans doute contre la mort, mais avec elle. Celle-ci n'est d'ailleurs ici qu'interruption». La fiction, le rêve, le souvenir en font un point, une focale, une façon de voir les choses par-dessus laquelle Eve saute allègrement à coups de çamrappelle». Ainsi déplore et se réjouit-elle, se ressouvenant de sa jeunesse berlinoise Tous ces gens déjà morts dont je me souviens si bien.»Hélène Cixous adore mettre sa mère en scène, rapporter ses paroles. Ce sont à chaque fois les moments les plus tendres et les plus drôles de son oeuvre. Il y a là comme un cinéma de l'origine mais oui, Cixous est un écrivain de l'origine, de l'Orient, de tout ce qui s'ouvre, de la préhistoire comme elle le dit, presque muet, burlesque mais oui, Cixous fait rire, ne prenez pas cet air pincé de vieux modernes Elle abat le poisson, dis-je. Tu ne l'as pas vu l'acheter, dit mon frère. Elle n'achète rien sans parapluie. Pas celui-là. Avec son parapluie elle montre l'autre. Elle ne parle pas. Elle ne répond pas. Elle lève son parapluie. Celui-là. Autrefois je n'aurais jamais supporté. Elle montre les radis avec son parapluie.» Parfois, on pourrait faire des schémas, une scénographie de Cixous. Dans Hyperrêve, il y aurait l'axe des abscisses et celui des ordonnées. Les tours» à la verticale, celles du 11 Septembre, la tour de Montaigne, mais qui sont ici aussi les jambes de la mère si la Tour notre mère notre corps notre sexe a brûlé cette nuit». Et à l'horizontale, un curieux sommier, récupéré par Eve auprès de Walter Benjamin quittant Paris, allant vers la mort. Le sommier se retrouve à Arcachon, dans la maison de vacances. Personne ne le savait, la découverte de cette origine fait rire, le frère de la narratrice a pourtant dormi des années dessus C'est qui Walter Benjamin ? Tu dors depuis quarante-quatre ans sur le sommier de Walter Benjamin, dis-je. Emeus-moi, dit mon frère/ Je l'émeus longuement. [...] Tu n'as rien senti ? Je tâte mon frère. J'ai toujours trouvé ce sommier épouvantable.»On ne vous apprendra rien en vous disant que toute cette histoire se lit évidemment phonétiquement émeus-moi» s'entend aussi aime-moi» et, dès le début, la phrase prononcée par la fille à la mère dans le temps d'avant sa mort, tu es le temps», est une promesse de tuer le temps». Comment ? Par une conversion» peut-être comme celle des métaux en or tiens, il y a un titre de Cixous comme ça Or, les lettres de mon père qui assure une pérennité Tant que ma mère est là mon ami vit encore, me dis-je», et aussi Je ne peux pas dire à ma mère que chaque fois qu'elle m'échappe elle me laisse tomber elle est mon père tombé.» Tous les livres d'Hélène Cixous forment un orbe où les êtres perdus reviennent d'eux-mêmes, parfois», même si on ne les retrouve pas». A sa façon, une des phrases qui ouvrent le livre on peut toujours perdre plus» prouve cette éternité. xHVqG.